© DR |
Il y a des victoires qui tombent à point nommé. Celle d'Anthony Rappo (IAM Excelsior), dimanche aux championnats de Suisse sur route élites 2018 à Schneisingen (AG), en est l'illustration même. Le jeune homme de 23 ans est devenu champion de Suisse amateurs.
Et un tricot rouge à croix blanche, ça attire passablement les convoitises. Le Neuchâtelois en a bien conscience. Interview.
Anthony, parviens-tu à réaliser ?
C'est clair que c'était un peu difficile sur le moment. Après avoir passé la ligne, au terme de cinq heures d'effort, j'étais juste cramé. Je savais que j'avais gagné, mais c'était tout. Après coup, tu réalises ce tu as accompli quelque chose de grand. À tête reposée, cela a été plus facile de réaliser.
Comme j'ai dû rentrer en voiture (2h de route entre Schneisingen et son domicile), je suis rentré tardivement. J'ai mangé et je suis parti me coucher. J'ai dû attendre le jour d'après pour vraiment réaliser.
Courir ce championnat, au milieu des professionnels, reste un défi spécial...
J'ai adapté ma course par rapport aux professionnels. Si je sentais qu'une bonne attaque était en train de se dessiner, je suivais. Sinon, même si un élite national partait, je le laisser y aller. Je pense avoir fait une course intelligente et avoir pris les bonnes roues.
Finalement, je me retrouve dans un groupe avec un seul élites et nous nous sommes joués la victoire au sprint. Cependant, jusqu'à l'avant-dernier tour, j'ai calqué ma course par rapport aux professionnels. Ensuite, seulement, j'ai observé mon concurrent élite pour savoir s'il ne sautait pas des relais.
Qu'est-ce que ce titre va changer dans ta carrière ?
Ce n'est pas ce titre qui va m'ouvrir toutes les portes. Cela reste un titre national en élites. Il sera néanmoins plus facile de demander aux autres équipes un contrat de stagiaire. J'ai au moins quelque chose à revendre. Un titre, c'est quand même quelque chose !
Après, même si bien d'avoir conquis ce titre, il est encore mieux de m'être classé neuvième avec les professionnels. Ce résultat a davantage de valeur. J'ai par exemple réalisé le sprint avec Silvan Dillier et Stefan Küng. Je pourrais presque plus me vanter de ma neuvième place. Mais, un titre national, ça fait toujours bien au palmarès.
Crains-tu d'avoir davantage de pression désormais ?
En course, je ne devrais pas souvent porter ce maillot de champion de Suisse. Je ne disputerai plus de nationales en Suisse. Je le porterais sur quelques-unes en France ou en Italie. Pour les autres équipes, cela démontre que j'ai un certain niveau. Je serai noté «à la culotte».
Cependant, ce maillot ne me rend pas tout puissant. Je devrai encore me mettre au service de mes coéquipiers d'IAM Excelsior. Je ne pense pourtant pas que j'aurais plus de pression. Je vais courir comme je l'ai fait jusqu'à maintenant.
Le téléphone a dû passablement vibré ces derniers temps. Rassure-nous: il tient le coup ?
Oui, il tient le coup (rires) ! J'ai reçu rapidement des messages de félicitations des amis. J'ai aussi mis un article sur mon site internet et je l'ai partagé ensuite sur ma page Facebook. J'ai obtenu plein de commentaires et de likes. J'ai également reçu plein d'appels. Il y a beaucoup de relationnel.
Pendant la journée, j'ai chargé entre trois et quatre fois mon téléphone ! Ces messages de félicitation me font chaud au coeur. Les gens commencent à s'intéresser à moi. Avant ce titre, je n'avais pas de victoires. Là, j'ai réussi à décrocher un titre et une victoire en même temps ! C'est fantastique !
Ce titre arrive à un moment crucial de ta carrière. C'est du pain béni pour passer professionnel, non ?
Il arrive vraiment au bon moment ! C'est maintenant que les contacts pour des places de stagiaire débutent. L'heure est au recrutement. J'ai jusqu'en juillet-août pour obtenir un contrat de stagiaire. Je dois faire maintenant les démarches. S'il me fallait une victoire, c'était celle-là ! Elle ne pouvait pas mieux tomber.
Pour le moment, personne ne s'était encore intéressé à moi. Je vais regarder avec Alfonso Bisogno (IAM Excelsior) pour les contacts. Je vais sans doute frapper aux portes des équipes Continental ou Continental Pro. Cela ne sert à rien d'essayer au niveau World Tour: c'est trop haut ! Il faudra vraiment y aller au culot, mais c'est envisageable.