© Aline Krähemann |
Alexandre Balmer (Cimes Cycle) n'a pas attendu pour débloquer son compteur cette saison. Dès sa première épreuve nationale, dimanche à l'Aargauer Challenge, le Neuchâtelois s'est imposé en solitaire dans la catégorie juniors. Le jeune talent de 18 ans a laissé l'Alémanique Jonathan Niggli (RMV Hochdorf), second, et le Romand Antoine Bouzon (VC Franches-Montagnes), troisième, à 35 secondes.
Alexandre, peux-tu nous expliquer comment tu as forgé ta victoire dimanche ?
Au début de la course, je voulais sortir du peloton. J'ai attaqué plusieurs fois, mais j'ai vu que cela ne marchait pas. Tout le monde roulait quand j'essayais. Puis, le rythme se calmait quand je rentrais dans les rangs. Alors, j'ai décidé de rester derrière. À l'avant-dernier tour, j'ai pensé attaquer dans la petite bosse, située juste avant l'arrivée. J'imaginais faire un tour en solitaire.
Finalement, nous sommes sorti à dix dans cette bosse. Au milieu du dernier tour, j'ai commencé à appuyer un peu plus fort sur les pédales. Je ne voulais pas que le groupe derrière nous revienne. En accélérant, j'ai créé un trou et je me suis détaché. Seul Jonathan Niggli est revenu un temps. Mais il était cuit et je l'ai lâché. J'ai roulé sur le plat à bloc et la dernière courte montée également. J'ai alors pu finir tranquillement.
Ton travail hivernal porte déjà ses fruits...
La préparation a été parfaite cet hiver. Je n'ai eu aucun soucis et nous avons tout fait juste avec mon entraîneur Bernard Maréchal. Mes parents m'ont également soutenu dans cette période difficile avec l'apprentissage. Lors des tests à Macolin (BE), j'étais tellement en forme. On m'a dit que je n'avais plus qu'à aller rouler.
J'ai battu tous les records juniors sauf celui du sprint. Cela fait dix ans qu'ils réalisent ce genre de tests à Macolin. Puis, gagner ma première course nationale, cela ne m'était jamais arrivé. Ce n'est d'ailleurs que ma deuxième victoire au niveau national. D'habitude, je venais surtout sur ce type de courses pour faire un entraînement.
Depuis l'an dernier, qu'est-ce que tu appris de la gestion d'une course sur route ?
J'apprends de nombreuses choses. Par exemple, lors des Classiques du Littoral (réd: deuxième manche), j'ai attaqué et je voulais absolument rester à l'avant. En fait, cela ne servait à rien. Dimanche, j'ai un peu mieux joué et j'étais aussi assez fort. J'apprends à chaque course. En général, je me sens mieux sur une épreuve internationale, lorsque je ne dois pas prendre à mon compte la course. Au niveau national, je dois prendre davantage les choses en main et travailler pour revenir sur les échappées.
L'an dernier, aux championnats de Suisse à Affoltern am Albis (ZH), je n'ai pas tout fait juste par exemple. Je pensais que Mauro Schmid allait se fatiguer en restant seul devant. Au final, Valère Thiébaud l'a rejoint et c'est moi qui me suis retrouvé seul.
Mon erreur est de vouloir toujours attaquer. En échappée, je ne ménage pas mes efforts pour aller au bout. Je veux m'amuser et faire la course. Je me sens mal à l'aise si je prends moins de relais que les autres. C'est un peu l'habitude du VTT. Je n'ai pas la patience d'attendre la fin de la course.
Entre la route et le VTT, comment trouveras-tu l'équilibre cette saison ?
Je viens de regarder: mon prochain week-end à la maison sera le 10 juin ! J'irai en fin de semaine aux Junior Series à Marseille (France). Ensuite, j'enchaînerai par un camp d'entraînement d'une semaine avec mon père à Finale Ligure (Italie). Là, j'alternerai entre le VTT et la route, avec du biquotidien.
Puis, j'aurais cinq week-ends de course en VTT, soit des Coupes de Suisse, soit des Junior Series. Mais, mon premier objectif n'est pas avant mai avec le Tour du Pays de Vaud (24-27 mai). En fait, ce sera plutôt un objectif intermédiaire. Je me concentre surtout sur la fin de la saison. Les gros objectifs se situent en septembre avec les Mondiaux sur route à Innsbruck (Autriche) et ceux de VTT à Lenzerheide (GR).
J'espère notamment briller en contre-la-montre. L'effort convient à mes qualités et c'est là où je me sens le mieux. Je grimpe bien et je suis capable d'emmener de la puissance au plat. Au niveau professionnel, c'est le profil d'un Tom Dumoulin. Et puis, en chrono, la tactique n'a pas sa place. Lors de la course en ligne, je pourrais peut-être aussi m'exprimer avec la côte du circuit autrichien.
Je trouve qu'en route, nous sommes plus souvent frustrés qu'en VTT. Sur cette dernière, nous ne pouvons nous en prendre qu'à nous-mêmes quand nous perdons. Sur la route, nous pouvons toujours nous demander si nous n'aurions pas dû prendre l'échappée ou ce genre de questions.
Cette saison, j'aimerais quitter le monde junior de la bonne manière. Je ne veux pas avoir de regrets plus tard.