Cédric BUGNON 01 février 2021 Interview


Yannis Voisard : ''Beaucoup de positif !''

Le Jurassien a réalisé une saison presque parfaite et compte faire encore mieux en décrochant une victoire de prestige en 2021.

© Direct Vélo

Le grimpeur du GS Ajoie est épanoui chez Swiss Racing Academy. Placé dans les meilleures dispositions pour performer, le vainqueur du Swiss Bike Challenge 2020 sent bien qu'il a effectué une bonne partie du chemin qui le sépare du milieu professionnel. Rencontre avec un homme en quête de confirmation.


Yannis, tu sors d'une saison 2020 écourtée par le coronavirus, mais brillante ! Est-ce que tu t'attendais à jouer autant les premiers rôles ?

J'ai vraiment vécu une très très belle saison, je ne pensais pas forcément qu'elle serait de ce niveau-là lorsque je m'entraînais à Majorque au mois de janvier. Mais je me sentais déjà très en forme sur les courses du Challenge de Majorque, puis c'est allé crescendo jusqu'au Giro d'Italia U23 où j'ai eu mon pic de forme et mes meilleurs résultats. C'est clair que de bonnes performances en bonnes performances j'ai senti la confiance monter, je me sentais fort. C'était presque la saison parfaite. Aucun pépin physique, aucune chute, de la chance sur les courses. Beaucoup de positif !


L'an dernier, après un excellent Tour de Savoie Mont-Blanc 2019, tu avais annoncé vouloir faire encore mieux en 2020. Cela ne s'est pas trop déroulé comme prévu...

Effectivement. J'ai longtemps essayé d'analyser cela avec mon entraîneur et mon équipe. Mais encore aujourd'hui, je ne sais pas pourquoi j'ai si peu marché sur cette course. Pourtant on avait réalisé un camp d'entraînement à Lenzerheide avant cette course avec l'équipe. Et tous les tests étaient vraiment très bons, notamment en montagne. Je suis arrivé au départ confiant, mais finalement cela n'a pas du tout fonctionné sauf peut-être sur la dernière étape où j'ai réalisé un bon chrono.

Après, je sais que je ne suis jamais très fort lors d'une reprise. J'ai toujours besoin d'enchaîner les courses pour être fort. Mais être autant à la ramasse sur le Savoie Mont-Blanc, cela m'a vraiment surpris. Mais cela m'a fait du bien aussi. On a bien réfléchi, on a analysé beaucoup de choses et adapté un peu l'entraînement à l'approche des courses. Et au final, cela a payé pour les suivantes. C'était finalement une remise en question qui a été bénéfique.


Tu réalises une excellente saison en 4e année espoir, quand les championnats du monde sont prévus en Suisse et sur ton terrain de prédilection ! Puis finalement, il y a eu cette annulation. Est-ce que c'était difficile à gérer ?

Déjà même lors du premier confinement, cela n'a pas été facile à gérer. Comme tous les autres cyclistes élites, il y avait des heures et des heures d'entraînement. J'avais très bien préparé le début de la saison. J'avais même remporté une petite course sur le Giron du Nord Vaudois et sur un parcours pas du tout taillé pour moi. Puis tout s'annule avec l'incertitude d'avoir une saison blanche dans le pire des cas. La première semaine, ce n'était pas simple à vivre. Mais on a vite vu que la première vague s'atténuait et qu'il y avait à nouveau des courses au programme. Cela repartait, puis cela s'annulait parfois au dernier moment, comme pour le Tour de l'Avenir. Ces annulations ne sont jamais simples mais on se retrouve rapidement d'autres objectifs.

Je ne suis pas quelqu'un qui baisse les bras facilement, même avec ce genre de décisions. Quand il y a une annulation je regarde tout de suite les prochaines courses de mon programme afin de me motiver. Broyer du noir ou non, la course n'aura quand même pas lieu. Il faut tourner la page très vite. Le seul regret, c'est qu'il n'y ait pas eu de course U23 aux championnats du monde d'Imola. Cela aurait quand même été sympa.


À l'issue de la saison 2019, tu regrettais de ne pas avoir eu le moindre contact avec le monde pro. Est-ce que la saison 2020 a fait évoluer la situation ?

Oui, cela a clairement changé les choses. Les performances réalisées cette année n'ont rien à voir avec celles de l'an dernier. La grande chance que j'ai eue cette année, c'est d'avoir mon entraîneur Éric Drubay et Swiss Racing Academy pour s'occuper de mes contacts. Moi je m'occupais uniquement de rouler et de performer. Et je suis certain que si je m'occupais moi-même de cela, j'y laissais beaucoup d'énergie. Donc je les remercie pour ça. Mais pour répondre, oui, il y a plusieurs pistes positives pour l'avenir.

Maintenant, je ne veux pas m'arrêter en si bon chemin car je sens que j'ai encore de la marge. Et je me sens vraiment très bien avec Swiss Racing Academy. Je sais que je peux viser encore plus haut avec mon entraîneur, et je suis très bien entouré donc même s'il y a encore du boulot, cela s'annonce bien ! Je sors d'une année géniale mais je ne peux pas m'en satisfaire. L'an prochain, je dois confirmer en montrant quelque chose de mieux encore pour intéresser les plus grosses équipes. Il me manque encore une victoire. On dira que les contacts sont pris, mais qu'il manque encore le petit truc permettant de transformer l'essai.


Tu dis qu'il te manque une victoire... Est-ce que ce n'est pas une pression supplémentaire dans ta quête de confirmation ?

Un peu, mais on a vu cette année écoulée qu'il ne me manquait pas grand chose sur certaines étapes. Je pense avoir prouvé que je peux être régulier, que je peux jouer un général. Alors je dois gagner encore un peu en puissance, continuer de travailler mentalement et cela deviendra le gros objectif de cette saison 2021.

Pour le reste des objectifs, on est forcément pas très au clair sur ce à quoi va ressembler le calendrier. Mais je pense toujours au Tour de Savoie Mont-Blanc et aux nombreuses autres couses montagneuses qui ont lieu en Europe. Proche de chez nous ou dans des pays moins traditionnels comme le Sibiu Cycling Tour en Roumanie. Je sais qu'on aura un début de saison très intéressant avec le Tour du Haut-Var face à un grand nombre d'équipes du World Tour s'il n'est pas annulé d'ici-là. Il y aura de quoi s'exprimer pour moi, c'est certain !


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