Mathieu RODUIT 20 février 2018 Interview


Valère Thiébaud : «Je n’avais pas besoin d’équipe»

Champion de Suisse juniors sur route, Valère Thiébaud a remporté le Prix Mülebar en 2017. Interview.

© La Pédale Romande

À la croisée des chemins entre les saisons sur piste et sur route, Valère Thiébaud revient sur une année 2017 faste, marquée par un titre national et des médailles internationales. Courtisé, le jeune coureur de Vilars (NE) a refusé d’entrer dans une équipe pour sa première saison chez les amateurs. Il ne manque pas pour autant d’ambitions.

De cette année prolifique, que retiendras-tu ?
Les championnats de Suisse sur route à Affoltern-am-Albis ont sans doute été mon meilleur résultat (red: il décroche le titre national chez les juniors). C’était d’ailleurs l’un de mes plus grands objectifs de la saison. À l’étranger, j’ai mieux marché sur la piste que sur la route.
La victoire au GP Valloton a vraiment été un bon moment. Gagner ainsi en échappée, c’était fort. Plus tard, il y a eu mon succès au Trophée Franco-Suisse. C’était vraiment super et mes coéquipiers ont été totalement dévoués.
Puis, je pense aussi à Paris-Roubaix. Participer était bien, mais la course ne s’est pas très bien déroulée pour moi malheureusement.

Le souvenir le plus fort ?
Les championnats de Suisse et le Trophée Franco-Suisse ont été les deux meilleurs.

Ta quatrième place aux championnats du monde juniors sur piste, en poursuite individuelle, te reste-t-elle en travers de la gorge ?
Ces deux 4e places ont été frustrantes. Lors de la petite finale des Mondiaux, j’ai vécu une bien mauvaise demi-journée. Mais ce que nous avons accompli avec la poursuite par équipes a été très bon. Le record de Suisse juniors et la médaille de bronze aux Européens sont d’excellents souvenirs.

Quels progrès réalisés lors de ta dernière année juniors ressens-tu en ce début chez les espoirs ?
Sur la piste, j’ai déjà pu voir que je me sentais vraiment mieux. En poursuite individuelle, comme en équipe, j’ai franchi un palier. J’espère que cela continuera sur l’ensemble de la saison. Sinon, le Tour de Nouvelle-Calédonie m’a beaucoup apporté. Courir sur dix jours était une première pour moi. La différence de niveau était énorme et il a fallu se battre tous les jours.

Avec le recul, as-tu un regret en particulier ?
Je me suis planté au GP Rüebliland. J’avais chuté la semaine précédente sur la piste et je suis retombé sur le même côté lors de la première étape. J’ai terminé l’épreuve, mais j’ai perdu mon maillot d’or définitivement après ça.

Tu as déjà pu vivre ta deuxième expérience au Mondial sur route, à Bergen (Norvège). Que t’aura-t-elle appris ?
J’ai surtout pu prendre part au chrono pour la première fois. Je n’en avais pas beaucoup fait pendant la saison. Le parcours ressemblait à celui des championnats de Suisse (red: à Lüterkofen). J’ai mal géré mon effort. J’ai eu peur de mourir! (rires)
Lors de la course en ligne, je perds une lentille. Mais, même sans ça, je pense que j’aurais été limité dans le dernier tour.

Cette année, tu courras encore sous le maillot du Zeta Cycling Club pour ta première saison amateur. Pourquoi ne pas avoir rejoint une équipe ?
Pour engranger des points amateurs, je n’ai pas besoin d’équipe. J’étais pourtant chaud à en trouver une, mais Daniel Gisiger me l'a déconseillé. Son modèle, c’est Stefan Küng, qui n’avait pas non plus d’équipe à cet âge. J’avais des contacts avec Akros, mais cela n’aurait pas eu de sens d’être avec Mauro Schmid, un adversaire, dans la même équipe. Je n’y aurais trouvé aucun avantage, sauf le matériel peut-être. En juillet, j’espère finir mon Ecole Supérieure de Commerce. Après, j’aimerais bien courir quelques épreuves avec l’équipe de Suisse. Je chercherais alors une équipe pour la saison suivante.

Tu n’as pas encore évoqué ton titre de vice-champion de Suisse sur piste…
Je me suis cassé les dents sur Alex Vogel (réd: le champion de Suisse). Sur le moment, j’étais vraiment déçu, car c’était un grand objectif.

En quoi souhaiterais-tu progresser cette année ?
Dans le contre-la-montre et en poursuite individuelle, aussi. J’aimerais voir mes limites. En poursuite par équipes, nous pouvons vraiment réaliser de gros temps à l’entraînement. Mais, pour l’individuel, j’apprends davantage en course.
Sur les bosses assez longues, je peux encore être mieux. Je ne suis pas un pur grimpeur, mais j’aimerais me tester plus en montagne. Jusqu’à présent, la seule longue bosse que j’ai faite en course, c’était sur le Tour du Pays de Vaud.

Finalement, peux-tu nous dire un mot sur le Swiss Bike Challenge ?
Je trouve ça bien. Il a redonné du dynamisme au cyclisme romand. C’était bien d’inclure également les juniors. J’étais plutôt déçu avec le maillot d’or, où on l’accordait trop de points sur le GP Rüebliland en comparaison des autres courses. Pour le Swiss Bike Challenge, je vois un seul désavantage: si on gagne une course UCI, on fait péter son nombre de points.


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