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Retraité des vélodromes, Gaël Suter a vu sa motivation flancher ces derniers mois. Une explication, en partie, de son choix. Pour La Pédale Romande, il revient sur sa décision et sur une carrière ponctuée de succès.
Gaël, comment tu en es venu au choix de la retraite ?
C'est venu assez naturellement. Après les Jeux Olympiques, ce n'était encore pas du tout une question. Les choses ont avancé. Je me suis lancé dans ce projet de poursuite par équipes, parce que le format de l'Omnium me convenait moins. J'ai pris énormément de plaisir à faire cette année en poursuite par équipes.
L'objectif fixé après Rio d'aller chercher une place aux Jeux de Tokyo était difficilement accessible. La motivation n'était plus vraiment la même. Les objectifs ont évolué petit à petit. Ma motivation sur route est bien redescendue aussi ces derniers temps. C'était plus compliqué pour moi d'aller à l'entraînement. Il y avait aussi un certain ras-le-bol et j'avais besoin de quelque chose de nouveau.
Quitter le projet de Tokyo 2020 ne te laisse-t-il pas un sentiment d’inachevé ? Et pourquoi ?
Concernant le projet, je n'ai pas l'impression de l'abandonner. J'avais vraiment ce rêve olympique. J'ai pu le réaliser à Tokyo. J'ai vécu deux semaines qui resteront à jamais gravées dans ma mémoire. J'ai pris un immense plaisir. Cet objectif est vraiment atteint. Avec Tokyo, j'en espérais plus au niveau résultat et j'ai compris que cela allait être compliqué. Le niveau suisse et le niveau international commençaient à s'élever. J'ai donné ce que j'avais à donner à la piste suisse et, non, ce n'est pas ce sentiment d'inachevé. Pour moi, il était temps de passer à autre chose.
Quels souvenirs garderas-tu de cette carrière sur la piste ?
C'est difficile d'en nommer un, si ce n'est cette dernière saison 2016-2017, qui était vraiment incroyable, avec les Jeux Olympiques, le titre de champion d'Europe de la scratch, celui de vice-champion d'Europe de l'Omnium et le mérite sportif vaudois. Mais, je pense qu'il y a des tas de choses qui ont rendu cette carrière magnifique.
J'ai pu partager des expériences avec des tas de personnes. Tout le monde m'a soutenu, la famille, mon entourage. L'UCI (son employeur, ndlr) était derrière moi aussi. Il y a toujours de petites déceptions, mais ce sont de petits détails par rapport à l'évaluation globale. Je suis très heureux de ma carrière.
Ma chute, je me dis que ça aurait pu finir bien plus mal. Cela m'a fait prendre conscience que nous faisions un sport dangereux. Cela m'a aussi dirigé un peu vers la fin de ma carrière. Je ne voulais plus prendre autant de risques dans ce sport et je l'ai considéré différemment.
Nourris-tu des regrets en particulier ?
Non, comme je disais, je n'en ai pas vraiment. J'ai toujours eu de la chance. Comme pour tout sportif, porter le maillot arc-en-ciel aurait été quelque chose de fantastique. J'aurais encore pu essayer d'aller le chercher, mais quand la motivation n'est plus la même...
Cela m'aurait trop demandé. Je ne regrette rien et je ne nourris pas de déceptions particulières sur ma carrière.
Es-tu toujours engagé à l’UCI ? Raconte-nous tes activités…
J'y suis toujours. Je n'ai jamais arrêter d'y travailler, en fait ! J'ai fait mon apprentissage là-bas en tant qu'employé de commerce (2010-2012). J'ai fait deux ans à 50 %. Cela fait quatre ans que je suis à 20 %. J'additionne ma carrière de cycliste et de bureau. Cela m'a fait un bon équilibre dans ma carrière. Avoir des horaires flexibles, à un taux réduit, était l'idéal pour mes entraînements. J'ai un contrat indéterminé là-bas et je suis encore en discussion. Nous verrons si d'autres portes s'ouvrent à moi et quelles sont mes envies, leurs projets. Je reste ouvert à toutes les portes qui pourraient s'ouvrir à moi.