© La Pédale Romande |
À 27 ans, le cycliste de Chavornay ne pense plus à une carrière professionnelle sur route. Pistard accompli, il prépare d’ores et déjà les Jeux Olympiques 2020 avec l’équipe suisse de poursuite par équipe.
Cyrille, quels ont été les points forts de ta saison ?
Il y a eu le Tour de Colombie en fin de saison. Lorsqu’on n’est pas professionnel, c’est rare d’avoir la possibilité de disputer une course par étapes sur 12 jours ! Et cela apporte énormément. Il y avait un engouement énorme autour de l’épreuve. Les coureurs locaux avaient vraiment beaucoup de plaisir à être là. Toujours très gentils, ils nous apportaient des conseils sur le parcours. Ils voient le cyclisme différemment, sans prise de tête, et c’était vraiment appréciable.
Toutefois mon meilleur souvenir reste ma victoire sur Milano-Tortona, l’une des courses les plus importantes d’Italie qui se dispute dans la région de Coppi. C’était d’autant plus spécial que je la gagnais pour la deuxième année consécutive. Je traversais en effet une mauvaise période après les championnats du monde sur piste et j’étais en manque de confiance. Je n’étais d’ailleurs pas très bien en début de course mais cela a été de mieux en mieux au fil des kilomètres. Cette victoire a fait beaucoup de bien au VC Mendrisio (réd: son équipe 2017) également.
D’où venait cette panne de confiance ?
La saison 2017 était une saison de transition après les Jeux de Rio. Il y a eu beaucoup de changement dans mon programme d’entrainement par rapports aux années précédentes avec davantage de musculation. Cela laisse des traces. Très souvent, je n’étais pas au niveau que je voulais avoir. Pour dire vrai, j’ai progressé mais en étant malheureusement moins régulier.
Avec le recul je me dis qu’il y a aussi eu quelques mauvais choix. Par exemple après les championnats du monde piste de Hong Kong, je me suis directement aligné sur le Rhône-Alpes Isère Tour, une course par étapes qui me tient à cœur. Mais j’aurais dû faire l’impasse. Je devrais aussi apprendre à me rendre sur certaines courses pour m’entraîner sans chercher absolument à être aux avant-postes. Mais ce n’est pas dans mon tempérament.
Nourris-tu néanmoins quelques regrets sur la saison écoulée ?
De gros regrets, je n’en ai pas. J’avais un peu de pression après ma saison de 2016 qui était la plus réussie de ma carrière et je savais que de faire aussi bien serait difficile, mais je crois m’en être bien sorti. Mon seul regret est peut-être celui de ne pas avoir remporté de courses UCI. J’ai toutefois obtenu 2 podiums. Il y a également une pointe de déception en juin lors des championnats suisses en ligne. C’est toujours difficile pour le moral de devoir se contenter de suivre, de ne pas pouvoir être acteur de la course. Surtout qu’au départ je visais le podium élite.
Peux-tu nous raconter tes motivations à rejoindre IAM Excelsior ?
Tout d’abord, cela m’offre une totale liberté pour la piste. C’est un projet très intéressant sportivement mais aussi géographiquement puisque l’équipe est romande. Avec Anthony Rappo, nous ne serons que deux coureurs à ne plus faire partie de la catégorie espoir. En étant le plus âgé, cela me donnera un rôle de capitaine de route auprès des plus jeunes qui me motive beaucoup.
Sur la piste, quels seront tes objectifs ?
Aux championnats du monde (réd: à Apeldoorn), nous visons un temps de 3’58’’ en poursuite par équipe. Les championnats d’Europe de Glasgow seront importants également car il s’agira de la première manche qualificative pour les Jeux Olympiques.
Mais mon programme ne se concentrera pas exclusivement sur la piste et ressemblera à celui de l’année dernière. J’essaierai de gagner, bien sûr, mais je roulerai aussi avec plaisir pour les autres coureurs de mon équipe, qui sera d’ailleurs plus forte que ma précédente structure. Je veillerai surtout à retrouver une certaine constance sur les courses, que je vais mieux cibler.
Le statut de professionnel sur la route te trotte-t-il encore dans un coin de la tête ?
Malgré ma très bonne saison 2016, je n’ai eu aucune proposition intéressante. Même pas au niveau continental. J’avoue que j’y croyais et que j’ai déchanté. En 2017, c’était encore l’objectif, puis il y a eu la création de IAM Excelsior.
Bien sûr, si une équipe Pro Continental se monte un jour en Suisse, cela pourrait être à nouveau à l’ordre du jour. Mais en attendant je n’y pense pas trop. Je parviens tout de même à gagner ma vie grâce au vélo. Je suis soutenu par la Fondation de l’Aide Sportive Suisse tant que je fais partie du projet de poursuite par équipe en vue des JO 2020. Je suis en quelque sorte un coureur professionnel qui n’a pas de contrat officiel.
Qu’est-ce que tu as pensé de la première édition du Swiss Bike Challenge ?
Quand j’ai eu connaissance de ce Challenge, c’est devenu un objectif. C’est toujours une fierté de gagner un classement de régularité. J’ai malheureusement tué le suspense sur le Tour de Rhodes mais cela veut peut-être dire qu’il y a 2-3 choses à améliorer dans les barèmes, par exemple en les rendant plus dégressifs sur les courses UCI.